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Reportage

Gilets jaunes : dans les archives des cahiers de doléances en Gironde, «un espace d’expression sans précédent»

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Le département, où la mobilisation des gilets jaunes a été particulièrement forte, a missionné un chercheur pour exploiter ces textes tombés dans l’oubli dans le but de tirer des recommandations de ses conclusions.
par Eva Fonteneau, correspondante à Bordeaux
publié le 16 janvier 2024 à 7h18

Dans le dédale des 70 kilomètres de couloirs des archives départementales de Gironde, Samuel Noguera déambule à toute vitesse. Après un an à arpenter le bâtiment installé dans le centre-ville de Bordeaux, le chercheur de 25 ans le connaît désormais comme sa poche. Devant une porte sécurisée, il sort son badge puis s’engouffre dans une vaste pièce en longueur, bardée de néons à la lumière blanchâtre. Lentement, il tourne une manivelle, laissant apparaître une travée entre deux étagères coulissantes, puis s’accroupit pour faire glisser une boîte d’archivage. «Voilà, c’est ici. Il y a 45 cartons. On ne se rend peut-être pas bien compte, mais c’est énorme ! Au total, on a répertorié 375 cahiers en Gironde, pour environ 5 000 doléances qui attendaient dans la poussière depuis un moment.» Le jeune doctorant au Centre Emile-Durkheim, originaire de Perpignan, a été recruté par le département pour numériser, retranscrire et analyser toutes ces données. «Ma thèse est financée sur trois ans», précise-t-il. L’objectif : exploiter les cahiers, pour la plupart tombés dans l’oubli, afin de faire ressortir les attentes des habitants des différents territoires girondins. Les recherches devraient aboutir à des recommandations en termes d’action publique. La démarche est inédite en France.

Parmi la pile de registres, on trouve des textes sous toutes les formes : lettres, dessins, écrits autobiographiques… Tous sont issus des cahiers de doléances et d’expressions libres lancés dura

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