- Votre parcours professionnel est marqué par votre action en collectivités territoriales. Que vous apportent ces expériences dans vos missions à la DRAC Hauts-de-France ?
Arielle Fanjas : " J’ai effectivement une expérience variée de vingt ans en collectivités territoriales qui m’a amenée à occuper des postes de chef de service, puis de direction puis de direction générale dans des communes de tailles différentes, en département, et en intercommunalité. Je maîtrise donc très bien les mécanismes de prise de décision, avec cette articulation si spécifique entre les services de l’administration et le politique. Je sais quelles sont les contraintes, les sujets sensibles, à quel niveau s’adresser à quel moment (services / DGS / élu).
En résumé, j’en maîtrise les codes et la culture, ce qui est très important dans mes fonctions de DRAC adjointe puisque nous sommes en relation constante avec les collectivités territoriales.
D’abord en tant que financeurs publics principaux de la culture, dont nous avons besoin pour conduire les politiques culturelles et faire aboutir les projets ; ensuite parce que la DRAC a une politique forte de contractualisation (contrats territoire-lecture, contrat local d’éducation artistique, contrat culture ruralité, CPER, etc.) qui implique des temps de négociation ou de discussion avec les élus. Il faut noter qu’historiquement, la DRAC Hauts-de-France a une politique très forte, très ambitieuse de contractualisation : actuellement, 73 des 91 EPCI (établissements publics de coopération intercommunale) de la région ont des contrats actifs avec la DRAC.
Après huit ans dans le Val d'Oise, cinq ans comme directrice du développement culturel à Nantes et six ans comme directrice générale adjointe des services pour la ville et la Communauté urbaine de Besançon, mon expérience en tant que dirigeante territoriale m’a aussi apporté des compétences managériales, aussi bien de proximité que stratégiques, des compétences de gestion et de conduite de projet qui sont complètement transférables dans la fonction publique d’État et je crois dans toute organisation complexe.
Mon parcours en témoigne : les mobilités, qu’elles soient géographiques, entre fonctions publiques ou fonctionnelles ont été pour moi une manière de m’épanouir et de continuer à apprendre, à acquérir des compétences, tout en me rendant sensible et adaptable aux différentes cultures professionnelles. "
- Quelles sont les missions en tant que DRAC adjointe ? Comment se déroule une journée de travail ?
Arielle Fanjas : " Mon rôle est de seconder le directeur régional dans l’ensemble de ses missions et fonctions, y compris en termes de management et de représentations extérieures.
Il faut préciser qu’il n’y a pas de différence statutaire entre un DRAC et une DRAC adjointe ni de différences de missions. Nous faisons tous les deux part du corps des Directeurs d’Administration Territoriale de l’État (emplois DATE), nous occupons tous les deux un emploi fonctionnel, c’est-à-dire limité dans le temps et nous exerçons les mêmes missions.
Sous l'autorité du préfet de région, nous coordonnons la mise en œuvre des politiques culturelles décidées par le Gouvernement et élaborées par le ministère de la Culture à l’échelle de la région Hauts-de-France. Pour cela, nous travaillons en étroite collaboration avec les collectivités territoriales, les autres services de l’État et les différentes institutions culturelles présentes sur le territoire régional.
Nous nous attachons, à travers l'action des services que nous dirigeons, à soutenir la création et la diffusion culturelle, à sauvegarder et mettre en valeur le patrimoine régional. Nous veillons également au développement culturel du territoire et à élargir l'offre culturelle en direction de nouveaux publics.
Ces missions sont donc multiples, nous embrassons un champ d’action extrêmement large et sommes confrontés à une grande diversité d’acteurs locaux et de réalités territoriales.
Chaque journée est différente mais une journée type peut impliquer des réunions avec des partenaires locaux pour discuter des projets en cours, des visites de sites culturels pour évaluer leur situation et leurs besoins, des sessions de travail avec nos équipes de la DRAC pour coordonner nos actions et faire le point sur des dossiers. Sans oublier les relations régulières que nous entretenons avec les services centraux du ministère de la Culture et le DAT (Département de l’Action Territoriale) en particulier ou avec les services du SGAR (Secrétaire Général pour les Affaires Régionales) et des préfectures.
Ce qui est important, c’est essayer de garder un équilibre entre les rendez-vous externes et les réunions internes, entre les déplacements sur le terrain et la présence à la DRAC, pour un nécessaire temps de travail et le lien avec les équipes."
- Comment les dossiers sont-ils répartis entre Hilaire Multon, DRAC, et vous-même ?
Arielle Fanjas : " Nous avons choisi de ne pas se répartir les champs culturels (création, patrimoine, etc.) ni les zones géographiques, mais plutôt les dossiers. Par exemple, concernant les contrats territoriaux prioritaires, Hilaire Multon pilote celui sur le bassin minier (ERBM) et moi le pacte SAT (Sambre-Avesnois-Thiérache).
Pour les dossiers d’envergure nationale, Hilaire Multon suit le Canal Seine nord Europe, le Louvre-Lens, et moi l’implantation de la BnF à Amiens ou « l’ancrage » de la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts sur son territoire.
Même chose pour notre présence dans les conseils d’administration des établissements labellisés, notre présence dans les différentes commissions, etc. ... Une note interne avec un tableau de répartition des dossiers permet à nos collaborateurs de s’y retrouver, mais la répartition se fait aussi en fonction de nos disponibilités d’agenda. "
- Quelles sont selon vous les grandes perspectives pour le second semestre de l'année 2023 ?
Arielle Fanjas : " Sur le plan interne, la deuxième partie de l’année est marquée par la préparation budgétaire, temps important pour les équipes : nous faisons le bilan et nous nous projetons sur l’année à venir. C’est un temps privilégié de réflexion avec les services pour conforter ou adapter la stratégie. Nous aurons également un temps important de discussion avec les organisations syndicales et le personnel sur la mise en œuvre du projet de service, démarche collaborative de réflexion sur l’évolution de nos missions et de nos modes de travail qui a mobilisé nos équipes depuis un an.
Le second semestre verra également l'ouverture de la Cité internationale de langue française à Villers-Cotterêts (Aisne), qui va être un événement national. En proximité des territoires, aux côtés du Centre des Monuments Nationaux, la DRAC joue son rôle d'animateur et impulse des dynamiques de réseau autour de la lutte contre l'illettrisme et en faveur de la lecture.
- Quels sont les principaux moteurs de votre trajectoire professionnelle ?
Arielle Fanjas : " Je n’ai jamais eu de vocation, j'ai jamais d’idée précise de ce que je voulais faire et cela m’a conduit à faire des études généralistes : un DEA d’économie à Paris-Dauphine, Sciences Po Paris et un passage à l’Ecole du Louvre que j’ai abandonnée malheureusement en entrant à Sciences Po. Je suis fondamentalement généraliste et le revendique souvent.
Je dirais que ce qui m’a motivée au début, c’était d’acquérir des expériences et des compétences. J’ai donc occupé des postes variés en galerie, dans des petites associations, en établissement public (musée du Louvre) puis en collectivités territoriales après ma réussite au concours d’attachée territoriale.
Je suis donc arrivée dans le secteur public un peu par hasard, mais finalement je me suis rendu compte qu’il offrait des opportunités professionnelles intéressantes ; notamment la fonction publique territoriale qui permet à la fois d’être au cœur des politiques publiques et donc de la vie quotidienne des citoyens, mais aussi de développer des compétences très complètes de gestion, de management et de conduite de projet.
C’est ce qui m’a poussée à passer le concours d’administrateur territorial en 2007, pour occuper des postes de direction ou de direction générale et avoir un vrai pouvoir d’action aux côtés des exécutifs.
Mon parcours s’est donc construit petit à petit, mon principal moteur étant de continuer à apprendre et à m’enrichir d’expériences nouvelles : je suis née à Grenoble, j'ai grandi dans le Val-d’Oise, fait mes études à Paris, à l’INET à Strasbourg, j'ai travaillé à Nantes, à Besançon, maintenant dans les Hauts-de-France dont la chaleur et l’humanité sont à la hauteur de sa réputation. Aujourd’hui, mes fonctions m’amènent à découvrir encore chaque jour toutes ses richesses insoupçonnées. L’Aisne en particulier a été une vraie découverte, département trop peu connu dont les paysages et le patrimoine m’étonnent encore, notamment la Thiérache avec son bocage, ces terrains vallonnés et son habitat."
Propos recueillis le 28 juin 2023, à Lille.
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