Grande culture,
Prairie
Dernière mise à jour le 01 octobre 2024
Les conditions pluviométriques exceptionnelles mais également de douceur sur toute la région depuis ce début d’automne se poursuivent et battent tous les records. Elles n’ont pas permis d’installer les cultures d’hiver comme prévu, ou alors en mauvaises conditions.
On estime sur la région autour de 16 % des surfaces en céréales à paille non semées, avec une partie des semis en trop mauvaises conditions pour une bonne continuité de leur cycle. Il n’y a pas eu d’espérances de rattrapage par des céréales de printemps. En effet, peu de surfaces d’orge de printemps ont été implantées et beaucoup de semences sont encore dans les sacs. De plus, la fenêtre de travaux a été trop courte fin avril début mai pour préparer les semis de printemps (maïs, tournesol, sorgho) qui sont fortement retardés.
Très peu de surfaces ont globalement été semées en maïs, sauf sud Vendée (Plaine et marais) où la majorité des semis a pu être faite. Sur les parcelles qui ont été semées, les maïs sont plutôt beaux à condition qu’ils n’aient pas subi d’attaques importantes de divers ravageurs : limaces, sangliers, oiseaux, etc...
Gardons espoir, pour les semis. Dans bien des cas, les changements de précocités seraient nécessaires, mais il n’est pas certain que les fournisseurs puissent satisfaire les demandes. Le retard surtout en maïs grain risque de repousser les récoltes avec des % d’humidité critiques. Sans compter les impacts potentiels sur les semis d’automne qui suivront.
Il est désormais trop tard pour envisager des semis de variétés de grain ½ précoces (G2, G3) dans certains secteurs situés plus au nord de la région.
Pour une récolte en fourrage, la majorité des variétés cultivées (½ précoces) permettent des semis jusqu’en juin dans la plupart des secteurs. (source Arvalis).
Date limite de semis de maïs fourrage pour atteindre la maturité récolte (32% MS plante entière) avant le 10/10 (Source : Arvalis).
Pour les tournesols l’incertitude est plus importante pour les parcelles non semées. Retarder les semis nécessitera une récolte en conditions sèches pour assurer la portance des parcelles, mais surtout pour éviter la reprise en humidité des têtes de tournesol au moment de la récolte.
Rappel : Pour les semis de printemps, il est indispensable de s’assurer que le sol soit ressuyé sur toute l’épaisseur de la couche arable pour éviter les tassements. Rappelons que les sols et notamment les sols limoneux ont de la mémoire et que l’impact du tassement se répercute sur plusieurs années. Les pertes peuvent atteindre 35 % en maïs fourrage en sol limoneux dans les Pays de la Loire (source Arvalis).
Pour vérifier que le sol soit suffisamment portant et ressuyé pour être travaillé, des tests simples existent. En prenant une motte dans la main et en exerçant une pression entre les doigts (source Arvalis) :
Attention, l’observation de l’état de surface n’est pas suffisante : il faut s’assurer que le sol soit ressuyé sur l’épaisseur potentiellement sensible au tassement : une quarantaine de centimètres. Il est donc important de prendre le temps d’un tour de parcelles pour observer le ressuyage du sol en profondeur en utilisant une bêche par exemple avant toute intervention.
Pour les céréales à paille, de nombreux symptômes de Jaunisse Nanisante de l’Orge (JNO) sont observés depuis plusieurs semaines. L’impact sur les rendements devrait être peu important du fait de l’apparition tardive des symptômes.
L’état des cultures est très disparate cette année d’une parcelle à une autre selon les dates de semis et les désherbages réalisés ou non en particulier ceux de l’automne. Ceci se traduit au champ par une forte pression en graminées automnales (ray-grass) et jonc des crapauds. Les pluies continuent de favoriser le développement des maladies (septoriose et rouilles) en fonction des résistances variétales et de programmes fongicides réalisés. De plus, le déficit de paille risque de nous entraîner vers un marché plus que tendu sur le prix de la paille.
Pour les prairies, La hauteur d’herbe moyenne des parcelles de pâturage au 27/05 était de 10.6 cm sur la région. Elle témoigne d’un stock sur pied en moyenne de plus d’1 tMS/ha dans les pâtures. Il est équivalent aux hauteurs mesurées ces 3 dernières années (2021 à 2023).
La difficulté de pâturage explique les hauteurs d’herbe conséquentes, que l’on peut retrouver notamment à la sortie des parcelles. Nous arrivons au stade épiaison de la plupart des graminées ce qui rajoute à la difficulté de gestion du pâturage. L’objectif sera donc de gérer ces épis tout en valorisant l’herbe présente.
Les parcelles dont les épis sont gérés maintenant permettront d’avoir une repousse feuillue pour fin juin-début juillet, allongeant en même temps le pâturage qui n’a pas pu être fait en début d’année.
Pour les parcelles avancées en stade avec des hauteurs d’herbe entre 14/15 cm et des épis montés, il y a plusieurs possibilités :
Pour les coupes de foin, il vaut mieux attendre de vraies éclaircies et des sols qui se réchauffent : en combinant la pluie et le vent, la vapeur d’eau risque de traverser les andains, les sucres de caraméliser (foin brun) avec un risque d’inflammation spontanée.
Les fauches des paddocks pourront restimuler la pousse et créer des stocks sur pied d’ici 2 à 3 semaines et avoir du stock récolté. Par ailleurs aux vues de l’avancée de la saison de pâturage, ne plus faire d’apport d’azote dans les prairies.
Enfin, nous constatons des pousses inférieures à la normale de saison, combiné à des surfaces pâturables plus faibles qu’habituellement à cette saison car les parcelles de fauche sont récemment fauchées ou sont débrayées. Cela implique alors de complémenter à l’auge pour compenser le manque d’ingestion et le manque de valeur de l’herbe pâturée. L’erreur serait d’accélérer le rythme de rotation des paddocks et donc d’avoir des hauteurs d’entrée de plus en plus basse ce qui aurait pour conséquence une forte baisse du rendement valorisé et un épuisement de la plante avant la période estivale.
(Source : Pousse de l’herbe 21/05/2024 et 27/05/2024 : Seenovia et Chambre agriculture)
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Les agronomes de la Chambre d’agriculture de Région Pays de la Loire.