Page 1 of 5
Contact : apiculture.frgds-pdl@reseaugds.com
BULLETIN RÉGIONAL
DE LA SANTÉ DE L’ABEILLE
PAYS DE LA LOIRE
N°10 : FÉVRIER 2025
SOMMAIRE
L’importance des traitements avec AMM
Visite chez Véto-Pharma
Février : Le mois du noisetier, première ressource pour les abeilles
En février, les températures plus clémentes peu- vent entraîner une reprise d'activité des colo- nies, avec des abeilles qui commencent à sortir
plus fréquemment.
Toutefois, cette activité entraîne une consom- mation accrue des ressources. À cette pé- riode de l’année, les abeilles rencontrent des
difficultés pour trouver du nectar dans la na- ture, car les sources de nourriture restent encore
rares. Elles parviennent toutefois à collecter du
pollen, une source de protéines, nécessaire au
nourrissement du couvain en développement,
mais le nectar demeure difficile à trouver.
Il est donc primordial de surveiller les réserves
des colonies. En cas de besoin, il est conseillé
de compléter les stocks avec du candi pour
prévenir toute carence et éviter une disette qui
pourrait fragiliser la santé des colonies, voire en- traîner leur mort.
Pour des informations détaillées sur le nourris- sement et la gestion des réserves, n’hésitez pas
à consulter la page°3 du bulletin sanitaire de
décembre.
Page 2 of 5
L’importance des traitements avec AMM
L’AMM : La clé pour des traitements sûrs et
efficaces en apiculture !
Une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché)
est une procédure réglementaire par laquelle
une autorité compétente permet la commercia- lisation d'un produit après avoir évalué sa sé- curité pour l’espèce non cible, l’utilisateur et l’en- vironnement ainsi que son efficacité.
Dans le cadre des traitements utilisés en apicul- ture, l'AMM est requise pour garantir que les trai- tements contre le varroa respectent des normes
strictes pour assurer l’absence d’effets délétères
sur les colonies d'abeilles, mais aussi la sécu- rité des produits de la ruche. Notamment ceux
destinés à la consommation humaine (miel, pol- len...) Cette autorisation est donnée après des
essais cliniques rigoureux et des analyses
scientifiques détaillées pour démontrer que le
produit est à la fois sûr et efficace.
Les produits non homologués ou sans AMM
peuvent présenter des risques importants, tant
pour les abeilles que pour l’homme et l’environne- ment. Leur pureté n’est pas garantie, car ces
produits n’ont pas été soumis aux mêmes tests
rigoureux que les produits homologués, ce qui
soulève des interrogations sur leur efficacité ré- elle. En l’absence de données solides, l’utilisation
de ces produits peut entraîner un manque d'effi- cacité dans le contrôle des maladies et des para- sites. De plus, l'impact potentiel sur les abeilles
est mal évalué, ce qui pourrait entraîner des ef- fets secondaires indésirables, tels qu’une per- turbation de leur système immunitaire, une altéra- tion de leur comportement ou même leur mortalité
prématurée.
En outre, l’utilisation de produits non homologués
présente également des risques de contamina- tion. Les résidus de ces produits peuvent se re- trouver dans les produits de la ruche (miel, pollen,
cire) et contaminer l’environnement, affectant
ainsi la biodiversité locale et la chaîne alimen- taire. Ces résidus peuvent persister dans le milieu
et avoir un effet durable sur la faune et la flore.
Le risque pour l'utilisateur, quant à lui, ne doit pas
être sous-estimé : l'exposition à des substances
non testées, mal dosées ou mal comprises peut
représenter un danger pour la santé de l’api- culteur, notamment en cas de contact direct avec
des produits chimiques ou par inhalation de va- peurs nocives.
Taux d’efficacité avant d’obtenir une AMM ?
En France, pour qu'un acaricide obtienne une
AMM en apiculture, l'efficacité du médicament
contre le varroa doit répondre à des critères
stricts. Selon la réglementation en vigueur, pour
un acaricide de synthèse, l'efficacité doit at- teindre 95 %. Cela signifie que le produit doit être
capable de réduire la population de varroa dans
les colonies d'au moins 95% après le traitement.
Pour les acaricides d’origine naturelle le seuil
d'efficacité requis est légèrement plus bas, à
90 %.
Cette exigence permet à l’utilisateur de maîtriser
son protocole de lutte contre varroa avec plus de
sérénité associé à une surveillance adaptée.
Visite chez Véto-Pharma
Retour sur la visite du laboratoire Véto- Pharma
Le 22 janvier, le GDS a organisé une visite dé- diée aux apiculteurs professionnels et aux
techniciens sanitaires apicoles de la région,
dans les locaux du laboratoire Véto-Pharma.
Un grand merci à toute l'équipe de Véto-Pharma
pour l'accueil chaleureux qu'ils nous ont réservé
et pour leur disponibilité tout au long de la jour- née.
Cette visite a permis aux participants de découvrir
en détail les installations de production et de par-
Page 3 of 5
-courir les laboratoires en activité, offrant ainsi
une vue d'ensemble des processus en cours. Un
moment fort de la journée a été la présentation
du parcours de l’innovation de Véto-Pharma,
un sujet crucial pour la recherche en apiculture et
la lutte contre les maladies des abeilles. Tout au
long de cette visite, les apiculteurs ont pu échan- ger directement avec les équipes du laboratoire,
soulevant de nombreuses interrogations et
partageant leurs expériences. Dans ce bulletin,
nous souhaitons vous faire part de quelques su- jets de discussion particulièrement enrichis- sants qui ont suscité l’intérêt de tous.
Véto-Pharma : Laboratoire Français spécialisé
en apiculture
Véto-pharma est un laboratoire pharmaceutique
vétérinaire français créé en 1982. Depuis plus
de 25 ans, il se consacre exclusivement à offrir
des solutions innovantes dans le domaine de la
santé de l’abeille
Son engagement se traduit par des chiffres clés :
-6 millions de colonies traitées chaque année.
-10% du chiffre d’affaire investi en Recherche
et développement.
-380 colonies dédiées aux essais de nouveaux
produits.
-90 collaborateurs, dont 10 dédiés à l’innova- tion.
La recherche et le développement : Un inves- tissement de longue haleine
Lors de notre visite, Rémi Padé, responsable in- novation abeille chez Véto-pharma, nous a pré- senté les défis auxquels l'entreprise fait face
dans le cadre de ses recherches et de son déve- loppement. Il a notamment détaillé les raisons
pour lesquelles l'obtention d'une Autorisation
de Mise sur le Marché (AMM) pour un nouveau
traitement prend un temps considérable. Ce
processus peut s’étendre sur une dizaine d’an- nées, impliquant de multiples phases d’études,
de tests et de validations rigoureuses.
Rémi a souligné que chaque produit doit être éva- lué sous différentes conditions pour garantir
son efficacité, sa sécurité et sa compatibilité avec
l'environnement apicole. De plus, l’approbation
réglementaire nécessite la collecte de données
précises et détaillées sur les effets des traite- ments sur les colonies d’abeilles, ce qui requiert
non seulement du temps, mais aussi un inves- tissement humain et financier considérable.
Chaque étape doit répondre à des exigences
strictes avant qu’un produit puisse être mis sur le
marché et être utilisé par les apiculteurs en toute
sécurité.
Etapes du développement d’un médicament espèce cible abeille
Page 4 of 5
Un rucher expérimental de 380 colonies au
service de la recherche
Véto-pharma dispose d'un rucher expérimental
de 380 colonies, réparties sur plusieurs sites au- tour de l'Espace de Valorisation de l’Abeille (EVA)
à Chaillac, en France. Ce rucher, opérationnel
depuis 2014, est essentiel pour mener des tests
en conditions réelles sur de nouvelles solu- tions de santé apicole, notamment contre le var- roa. Les essais sont supervisés par une équipe
de chercheurs et de techniciens spécialisés,
garantissant des protocoles rigoureux pour
évaluer l'efficacité et la sécurité des produits
avant leur mise sur le marché
Lutte contre le varroa : deux nouvelles molé- cules en test
Depuis la création de son rucher expérimental en
2014, Véto-pharma a testé plus de 100 actifs
afin de trouver des solutions efficaces contre le
varroa. Actuellement, deux molécules sont par- ticulièrement prometteuses pour lutter contre
ce parasite : une molécule conventionnelle et
une biologique.
Pour qu'une molécule soit considérée comme
prometteuse, elle doit répondre à plusieurs cri- tères d'efficacité. Tout d'abord, la chute du para- site doit être rapide et atteindre un taux de plus
de 95% pour la molécule conventionnelle et 90%
pour la molécule biologique. L’efficacité de la
molécule doit s’accompagner d’une innocuité
maximale pour les abeilles. L’absence de toxici- té pour les abeilles dépend également du do- sage de la molécule utilisée. Il est crucial de trou- ver un équilibre entre une concentration suffisante
pour éliminer efficacement le varroa et une expo- sition qui reste sans danger pour les abeilles. Un
dosage trop faible risquerait d’être inefficace
contre le parasite, tandis qu’un dosage trop éle- vé pourrait entraîner des effets toxiques pour la
colonie. L’optimisation de ce paramètre est donc
essentielle pour garantir à la fois l’efficacité du
traitement et la préservation de la santé des
abeilles.
Source : Véto-pharma - Test de l’actif « Huile es- sentielle d’ail »
Les deux graphiques présentés permettent d’éva- luer l’effet de l’huile essentielle d’ail sur la mortali- té du varroa (graphique 1) et celle des abeilles
(graphique 2) en fonction de deux concentra- tions : une dilution à 1/10 et une dilution à 1/15.
À 1/10, l’huile essentielle d’ail se révèle extrême- ment efficace contre le varroa, entraînant une
mortalité de 100 % en 24 heures. Cependant,
cette concentration s’avère tout aussi létale pour
les abeilles, rendant l’utilisation de cet actif im- praticable. À l’inverse, avec une dilution à 1/15,
on observe l'absence de mortalité chez les
abeilles, mais l’efficacité contre le varroa devient
insuffisante. L’équilibre entre efficacité et innocui- té n’étant pas atteint, cette piste est donc aban- donnée pour cette molécule.
Page 5 of 5
Changer la taille des lanières : Pourquoi cela
n'est pas aussi simple ?
Certains apiculteurs ont exprimé le souhait de re- voir la taille des lanières, estimant que la taille ac- tuelle n’est pas toujours pratique à utiliser.
En réponse à ce retour, il est apparu que la modi- fication de la taille nécessiterait de nouvelles dé- marches administratives, notamment une nou- velle demande AMM. La taille des lanières est
en effet intimement liée à la formulation et à
l’efficacité du produit. Elle doit être calibrée de
manière précise pour garantir une diffusion adé- quate de l'actif tout en respectant les dosages et
les conditions d’application optimales. Ainsi,
revoir la taille des lanières impliquerait également
de revoir la composition du produit et toute la
chaîne de production, un processus complexe
et long. Cette notion de taille de lanière met en
avant la nécessité de bien comprendre le mode
d’action de sa molécule. Nous sommes face à un
médicament qui agit par contact, et les abeilles
aident à la diffusion du médicament. Ce qui est
important c’est que la lanière soit positionnée
dans le couvain (au plus proche des varroas), et
pas collée, figée dans la cire. Le centrage entre
deux cadres est plus important que la taille.
Nous vous recommandons l'utilisation de sup- ports adaptés, notamment ceux fournis par Veto- Pharma, afin d'assurer une application optimale
du traitement. Cela permet d'éviter que les la- nières ne se retrouvent collées dans la cire et
deviennent inaccessibles aux abeilles.
Nouveaux formats d'APIVAR® : une réponse
adaptée aux besoins des apiculteurs
Veto-Pharma lance deux nouveaux condition- nements pour son médicament APIVAR® : un de
4 lanières et un autre de 60 lanières, afin de ré- pondre aux demandes du terrain. Historique- ment, le format de 10 lanières, permettant de
traiter 5 ruches, ne convenait ni aux petits api- culteurs ni aux plus gros. Avec ces nouveaux
formats, Veto-Pharma facilite l’accès au traite- ment pour les petits possesseurs (qui n’ont par- fois que 2 ruches), tout en offrant aux plus gros
possesseurs un conditionnement adapté pour
traiter 30 ruches. Cette évolution permet une
gestion plus rationnelle des stocks, une ré- duction des déchets et une économie
d’échelle, contribuant ainsi à la fois à la praticité
et à la durabilité des pratiques apicoles.
D'une visite à une collaboration : Unis contre
le frelon asiatique
Véto-pharma a développé un piège sélectif de
printemps, le Vespa-Catch Select, qui a pour
objectif de cibler spécifiquement les reines
fondatrices du frelon asiatique en début de sai- son, une étape clé dans la lutte contre cette es- pèce exotique envahissante. Ce piège est doté
d’une molette de réglage, permettant d’adapter
la taille de l’entrée en fonction des périodes de
l’année : large au printemps pour capturer les
fondatrices, puis réduite durant la saison api- cole afin de cibler uniquement les ouvrières et
limiter les prises non ciblées.
Actuellement, ce piège ne fait pas partie du
plan national de gestion du frelon asiatique.
Le GDS Pays de la Loire a été sélectionné parmi
les quatre régions pilotes pour tester ce dispo- sitif. Cette collaboration avec Véto-pharma per- mettra d’évaluer l’efficacité du piège dans les
conditions locales spécifiques de notre région.
Un retour sur les résultats sera effectué en fin
d’année, afin de permettre au Groupe de travail
national d'évaluer si le Vespa-Catch Select peut
obtenir une reconnaissance officielle et ainsi
être intégré au plan national de lutte contre le
frelon asiatique.
Collaboration renforcée avec Véto-pharma
pour la santé de nos abeilles
Pour conclure, cette visite a été l'occasion de ren- forcer les liens qui unissent notre structure à Vé- to-pharma, ouvrant ainsi la voie à de nouveaux
projets en partenariat. Nous sommes ravis de
pouvoir compter sur Véto-pharma pour avancer
ensemble dans des initiatives qui bénéficieront à
la santé des abeilles sur notre territoire.