C’est un des arguments utilisé par le gouvernement pour justifier sa réforme des retraites. Quand il n’insiste pas sur la nécessité de ramener le système à l’équilibre, le sommet de l’Etat évoque des «risques financiers, économiques trop grands». Ces mots sont ceux du président de la République, devant le conseil des ministres convoqué en urgence pour déclencher l’article 49.3 de la Constitution, le 16 mars. Trois jours plus tard, Bruno Le Maire reprenait la même formule sur France Info : «Oui, cette réforme a aussi un caractère financier.» En clair : sans recul de l’âge légal de départ à la retraite, les investisseurs deviendraient plus réticents à prêter à l’Etat, ce qui conduirait à un renchérissement du coût d’emprunt du pays. Cette explication laisse toutefois dubitatifs les experts interrogés par Libé.
En France, les dépenses de l’Etat sont structurellement supérieures à ses recettes, et ce depuis plus de quarante ans. Pour combler ce besoin de financement, l’Etat lève des fonds. Etant donné que les règles européennes interdisent aux pays membres d’emprunter auprès de leur banque centrale, ils se tournent vers les marchés financiers. On dit que l’Etat français émet des titres de dettes qu’il vend sur le marché des obligations. Investisseurs français et étrangers en souscrivent.
Un risque inexistant
Pour re